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AU CŒUR DE L'ALSACE

Mammifères en danger

Etat des lieux

L'Ours brun d'Europe, est aujourd'hui une espèce disparue de l'Alsace depuis 1786. Le déclin de l’ours est une conséquence de la chasse, du braconnage, du poison, de la dégradation et de la destruction de son habitat.

 

Cependant, il reste présent dans les Pyrénées. Plusieurs réintroductions ont permis d'augmenter le nombre d'individus et les naissances au cours de l'année 2015.

 

L'association de la GEPMA (Groupe d’Étude et de Protection des Mammifères d'Alsace) recense en 2014 près de 76 espèces de mammifères, dont 11 d'entre elles ont une situation préoccupante et font partie de la liste rouge des espèces menacées en Alsace.


Le Grand Hamster est l'une des espèces emblématique de la région alsacienne. Elle est actuellement sur le point de s'éteindre. Depuis plus de 60 ans, plusieurs programmes de réintroduction d’espèces émergent comme pour le Loup, le Lynx boréal, la Loutre d'Europe ou le Castor d'Eurasie mais leur survie reste encore incertaine.


La prolifération d’espèces échappées de captivité ou issues de mouvement de colonisation comme le Rat musqué, le Ragondin, le Raton laveur suscitent de nouvelles interrogations sur l'avenir de la biodiversité en Alsace.


La situation à risque des mammifères en Alsace n'est pas un cas isolé. Elle suit la même tendance que les autres régions de l'Hexagone. Le graphique ci-dessous montre que cette corrélation entre la situation alsacienne et nationale des mammifères s’extrapole de la même manière à l'ensemble de la faune française.

L'OURS BRUN

LE GRAND HAMSTER

La liste rouge des mammifères d'Alsace, éditée en mai 2014 par la GEPMA, regroupe plus de 10 ans de données d'études sur l'évolution des espèces. Ces dernières sont classées en plusieurs catégories selon leur degré d'extinction. Parmi les 11 espèces qui ont un statut sensible dans la liste rouge, on distingue quatre cas d'études : disparue, en danger critique, en danger et vulnérable. 



Le Lynx boréal ou Lynx d'Eurasie, est l'un des félins qui a le plus vaste domaine de répartition à travers le monde puisqu'il s'étend sur l'ensemble de l'Eurasie en passant par la Sibérie et la péninsule Scandinave. En France, la grande majorité des individus se concentre dans le massif du Jura et colonise lentement les Alpes du Nord. En Alsace, les populations des Hautes-Vosges constituent le foyer le plus dynamique d'Alsace.


A la fin du 18ème siècle, le Lynx boréal avait totalement disparu d'Alsace. Un unique programme de réintroduction a été orchestré de 1983 à 1993. Neuf femelles et douze mâles ont été relâchés sur le domaine Alsacien des Hautes-Vosges et tentent d'établir une colonie durable.


Le Lynx boréal est un animal solitaire et discret, qui affectionne particulièrement les grands espaces forestiers aux multiples cachettes. Ses déplacements sont essentiellement nocturnes pour chasser, ou diurnes en période de reproduction, de janvier à avril. Un mâle qui cherche à se reproduire peut parcourir des distances très étendues pour trouver une femelle. Le territoire occupé par chaque individu couvre une surface de 100 à plus de 450 km² d’où la faible densité de population au km².


La situation du Lynx boréal en Alsace est favorable à la prolifération de l’espèce. Le massif forestier vosgien lui procure un environnement paisible et les ressources alimentaires, principalement les chevreuils et les chamois, sont largement disponibles. Le développement de la population dans les Vosges est particulièrement lent en raison du faible nombre d’espèces réintroduites sur une période trop longue. De plus, le braconnage est toujours le premier facteur qui met en péril la survie de l’espèce. Depuis la mise en place du programme de réintroduction, plus d'une dizaine de cas de braconnage ont été avérés dans le massif vosgien. Les autres facteurs sont soit des collisions routières, soit des intoxications au raticide domestique.


La loi sur la protection de la nature condamne les actes nuisibles à la survie du Lynx boréal, mais cela ne suffit pas à garantir la sécurité totale de l'espèce. Le programme de réintroduction du Lynx en Alsace est avant tout un vaste projet culturel visant à faire accepter par l'opinion publique l'installation durable d'un grand carnivore sur le territoire Vosgien. La situation sensible du Lynx boréal en Alsace doit rester un sujet d'actualité qui concerne l'ensemble de la population locale. Il conditionne en partie les réflexions citoyennes sur l'avenir de la biodiversité française.



LE LYNX BOREAL

Le Grand Hamster d'Alsace, qui est originaire des steppes fertiles d'Europe Centrale, a colonisé une grande partie de l'Eurasie allant de l'Europe Occidentale à la Russie Orientale. La limite occidentale se situe au niveau de la Belgique et de l'Alsace. Les années 1970 marquent le déclin de l’espèce en Alsace. En 1992, le Grand Hamster voit son statut évoluer de manière significative, puisqu'il passe « d'espèce nuisible » à « espèce protégée ». De nos jours, le Grand Hamster qui est une des espèces emblématiques d'Alsace est au seuil d'une extinction imminente. En 2013, seulement 13 communes alsaciennes ont recensé la présence du rongeur.





La Barbastelle d'Europe se repartie de manière inégale sur l'ensemble de l'Europe. On la retrouve fréquemment en Europe de l'Est (Hongrie, Pologne et Lituanie), au Nord de l'Europe (Irlande, Écosse et pays Scandinaves) et au Sud-Ouest (France, Italie et îles méditerranéennes). Cependant la présence de l'espèce est rare en Europe Centrale comme en Allemagne, aux Pays-Bas et en Belgique.


Depuis les années 1990, l'espèce est présente sur l'ensemble du territoire alsacien tout au long de l'année. Cependant, l'observation des communautés de Barbastelles se fait dans 70 % des cas en période d'hibernation sur des sites souterrains rocheux ou des ruines.


Le suivi des effectifs de Barbastelle en Alsace de 1991 à 2011 montre que l'espèce est en constante évolution mais reste fragile. Le graphique ci-dessous présente l'évolution du nombre individus sur le foyer principal alsacien du tunnel ferroviaire de Rosteig-Soucht.


Retour sur quatre espèces emblématiques de l'Alsace


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En danger critique (CR) 

Espèce qui avait complètement disparu d'Alsace et qui a fait l'objet d'un programme de réintroduction sur les 40 dernières années.


Site réalisé par Sophie LE RAY, Maxime RAGOT et Marie SOUQUE, étudiants en Master 2 Communication Scientifique.

Université de Strasbourg

Jardin des Sciences.

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En danger (EN) 

L'espèce est confrontée à un risque très élevé d’extinction à l’état sauvage.


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Vulnérable (VU)

L'espèce est confrontée

à un risque élevé d’extinction à l’état sauvage.


L'augmentation significative des effectifs en 2005 s'explique en partie par la fermeture par des grilles du tunnel qui garantie la protection de l'espèce en période d'hibernation. Le faible nombre d'individus recensé entre 2006 à 2008 est lié par la sortie plus précoce de l'état d'hibernation en raison d'une phase de redoux avant le comptage de la GEPMA.


La Barbastelle d'Europe familière des grands espaces forestiers possède des tailles des colonies est très variables selon de type de gîte. Cette espèce est sédentaire et les gîtes d'hiver et d'été sont rarement éloignés de plus de 40 km. Son espérance de vie est d'en moyenne de 5 à 6 ans et le plus vieil individu observé était âgé de 23 ans.


Le régime alimentaire de l'espèce est très spécialisé puisqu'il se compose de petits insectes notamment de papillons de moins de 30 mm. Ces chauves souris chassent couramment de nuit à proximité des cours d'eau et émettent des ultrasons spécifiques à deux fréquences décalées puisque les papillons de nuit peuvent déceler les cris sonar « classiques » des autres chiroptères.


La période de gestation commence dès la sortie d'hibernation et les mises bas se déroulent du mois de mai à juin. En période de reproduction les colonies sont mobiles et changent quotidiennement de site, éloigné d'une centaine de mètres au maximum.


La Barbastelle d'Europe a peu de prédateurs naturels, le plus vraisemblable est le chat et certains rapaces comme la chouette hulotte qui les capture de manière occasionnelle.

Une gestion forestière trop active basé sur la qualité arboricole du domaine (suppression d'arbres dépérissant) peut nuire au développement des populations qui établissent leur gîte dans l’écorce de ses arbres déclassés. De plus, les régénérations trop rapide des colonies forestières peuvent diminuer la qualité des terrains de chasse..


L'augmentation des effectifs de Barbastelle d'Europe dépend d'une gestion plus raisonnée de l'espace forestier. La conservation des arbres à cavités, dépérissant ou morts permettrait de conserver les réseaux de gîtes établis par l'espèce. La protection des îlots souterrains et l'aménagement de sites d'hivernage sont les objectifs à court et moyen terme pour la prolifération de l'espèce en Alsace.

Le Grand Hamster est un animal discret qui passe 95 % de son temps sous terre et ses déplacement hors du terrier sont nocturnes. Ce rongeur omnivore se nourrit essentiellement de petits animaux (petits insectes, vers de terre, grenouille...), de plantes sauvages et de céréales.


Son cycle de vie annuel est bien réglé. Il hiberne environ 5 mois (de novembre à mars) et chaque individu parcours en moyenne 300 m par an. Du mois d'avril à septembre, le Grand Hamster cherche à se reproduire et construit entre 3 et 10 terriers successifs pour accueillir chaque nouvelle portée. A la fin de l'été, le rongeur prépare sa phase d'hibernation en accumulant des réserves.


Le déclin des populations de Grand Hamster en Alsace est lié à de multiples facteurs. Les menaces directes clairement identifiées sont la destruction d'origine humaine et la prédation naturelle. De manière indirecte, la destruction ou la détérioration de leur habitat naturel nuisent à la prolifération de l'espèce.


L'évolution des méthodes agricoles ces 40 dernières années, avec l'accélération de l'exploitation grâce à la mécanisation et à l'utilisation d'engrais ou de pesticide impactent directement l'environnement du Grand Hamster d'Alsace. L'urbanisation est un autre facteur de dégradation d'origine humaine de l'habitat de ce rongeur. L’Ouest de agglomération strasbourgeoise a longtemps été l'un des foyers actif du Grand Hamster mais l'aménagement de l'espace européen de l'entreprise, du parc des Poteries, de l'aéroparc d'Entzheim... ont condamné ces populations à se déplacer et ont mis en péril leur survie.


Le Plan National d'Actions (PNA) conditionne la mise en place d'actions de conservation de l’espèce en Alsace sur la période 2012-2016. L'objectif à court terme est de garantir que les effectifs des populations sont supérieurs au seuil critique des 200 individus pour chaque commune qui recense la présence du rongeur. L'objectif à moyen terme est de tendre vers des foyers de population dépassant les 1 500 individus. Pour y parvenir, la mise en place d'une zone de protection de 9 300 hectares, regroupant la quasi totalité des populations, vise à garantir la concrétisation des objectifs. Des opérations de restauration de l'habitat, de repeuplement des populations, de régulation de l'urbanisme et l'engagement d'agriculteurs locaux coordonnant leurs rotations culturales permettent de garantir aux individus présents de trouver de la nourriture à leur sortie d'hibernation. Ces différentes actions collectives sont des pistes prometteuses pour l'avenir de l'espèce.


LA BARBASTELLE D'EUROPE

Bilan


L’Alsace est dotée d’un important patrimoine naturel. Celui-ci se caractérise par une grande diversité de milieux, permettant le développement et la prolifération de nombreuses espèces végétales et animales, notamment de mammifères. La préservation de cette spécificité est importante à la fois pour le maintien des paysages, pour les activités d’élevage et d’agriculture et pour le rayonnement de l’Alsace à l’échelle française voire internationale. Cette richesse est néanmoins fortement mise en péril par l’action humaine qui modifie les milieux, comme en témoignent les exemples d’animaux en voie d’extinction présentés plus haut. Ces menaces résultent de la combinaison de différents paramètres internes liés à la forte urbanisation et industrialisation de la région : la pollution, l’exploitation, la destruction et la fragmentation des milieux naturels, l’introduction d’espèces invasives ou encore des facteurs globaux tels que le réchauffement climatique. La pollution visuelle liée aux éclairages publics est également au cœur des débats écologiques actuels en Alsace. Toutes ces activités anthropiques ont des conséquences directes et visibles sur l’environnement et représentent une menace réelle pour la biodiversité locale. Si des programmes de sauvegarde sont mis en place à différentes échelles, chacun peut à l’échelle individuelle contribuer au recensement et à la préservation des espèces alsaciennes.